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Focus sur deux zones littorales aux profils par âge différenciés : des logiques locales de peuplement pourtant comparables

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Les grandes tendances observées à l’échelle des EPCI peuvent masquer une certaine organisation spatiale de la structure par âge à l’échelle des communes. L’exemple qui suit s’appuie sur une comparaison de deux aires1 entourant des grands pôles situés tous deux sur un littoral.
Si chacune de ces zones affiche, de prime abord, un profil de structure par âge particulier (cf. Typologie de la structure par âge des EPCI et de leur évolution, en six classes), certaines similitudes et logiques spatiales peuvent néanmoins s’observer à l’échelle communale.

Dans la typologie présentée ci-avant, la communauté d’agglomération Saint-Brieuc Armor Agglomération et ses espaces voisins sont principalement associés à une structure par âge « vieillie », dont le rythme d’accroissement de la population âgée commence à s’accélérer.
Pour autant, à l’intérieur de ces grands espaces, certaines classes d’âge sont plus ou moins sur ou sous-représentées selon les communes. On voit ainsi qu’en 2018, au sein de la commune-centre de Saint-Brieuc et ses communes limitrophes, la population des 45-59 ans est surreprésentée au regard des autres territoires du périmètre étudié, de même que, dans une moins mesure, la population en âge d’être à la retraite. Dans ce que l’on pourrait qualifier de première couronne, on retrouve des espaces caractérisés par une surreprésentation des jeunes ménages avec enfant(s), mais également des étudiants et jeunes actifs âgés de 15 à 29 ans. En effet, les plus grands logements de la zone étudiée se trouvent dans ce premier cercle concentrique (4,8 pièces en moyenne contre 4,6 dans les autres communes de la zone).

De plus, contrairement à Saint-Brieuc et ses communes voisines, qui concentrent un grand nombre d’emplois au regard du nombre d’actifs occupés, les territoires où se concentrent les ménages avec enfant(s) et les jeunes actifs ont davantage une fonction résidentielle que de pôles d’emploi2.
Dans une seconde couronne, apparaissent à nouveau des espaces de concentration des populations en âge d’être retraitées, mais surtout les 45-59 ans, là aussi dans des territoires à vocation plus résidentielle que les communes-centre.

Les littoraux français sont, de façon générale, des espaces très attractifs pour les populations les plus âgées3. Ainsi, on voit apparaître le long du littoral de la Manche, des territoires dans lesquels les retraités sont largement surreprésentés. On observe la même logique d’attractivité sur les littoraux du périmètre étudié autour de l’agglomération nantaise, avec une population retraitée qui est largement surreprésentée au regard du reste de la zone. À l’inverse de la ville-centre de Saint-Brieuc, Nantes concentre essentiellement une population de jeunes adultes (15-29 ans) et dans une moindre mesure, de jeunes ménages avec enfant(s). La logique des cercles concentriques au sein desquels se regroupent certaines catégories d’âge et types de ménages s’applique aussi au cas nantais, avec une première et troisième couronnes où les populations retraitées et celles âgées de 45-59 ans sont surreprésentées et, en deuxième couronne, des espaces privilégiés par les 30-44 ans et les moins de 15 ans, de même que les jeunes adultes (15-29 ans).

1. Ces aires englobent les communes situées dans un rayon de 50 kilomètres et à environ 50 minutes maximum de trajet en voiture de la ville-centre du pôle.
2. L’indice de concentration de l’emploi mesure le rapport entre le nombre d’emplois total proposés sur un territoire et le nombre d’actifs occupés (actifs en emploi) qui y résident. À Saint-Brieuc, on compte 168,5 emplois pour 100 actifs occupés résidents. Dans les communes adjacentes au chef-lieu départemental, cet indice est systématiquement supérieur à 100. Au-delà de cette zone, l’indice passe sous le seuil de 100 emplois pour 100 actifs occupés. Cette logique de concentration de l’emploi dans les pôles s’observe sur l’ensemble du territoire national et s’est renforcé au fil des dernières décennies, conduisant à une dissociation de plus en plus importante entre lieux de résidence et lieux de travail (Observatoire des territoires. La France en douze portraits – Planche 7 « Lieux de résidence et lieux de travail ». In : Rapport 2019-2020. ANCT, 2021, 35 p.).
3. Cf. article « Du vieillissement à la gérontocroissance : deux phénomènes distincts qui touchent inégalement les territoires », p. 100.

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