Des cinq destinations retenues, le Luxembourg est sans conteste celle qui a connu, au cours des dernières années, la plus forte progression du nombre d’actifs venant de France, celui-ci passant de 15000 en 1990 à 75000 en 2013, soit une multiplication par 4,6 des effectifs. Outre une attractivité économique certaine de ce pays, cette évolution est aussi à mettre en regard avec le développement de l’offre de transports en commun sur cette frontière : en 1999, seuls 6 % des actifs déclaraient se rendre au Luxembourg par les transports en commun; en 2013, ils sont 17 %, soit un taux bien supérieur à celui des actifs frontaliers travaillant en France (7 %) ou à la moyenne nationale française (10 %). L’attraction du Luxembourg s’exerce sur des communes proches de la frontière comme Longwy, Villerupt ou encore Thionville, où la part de transfrontaliers est supérieure à 30 % des actifs occupés. Grâce au réseau ferroviaire, son influence s’étend aussi jusqu’à Metz, où elle draine 16000 actifs.
À l’instar des autres destinations, on observe un vieillissement des transfrontaliers se rendant au Luxembourg, phénomène qui touche plus particulièrement les moins de 30 ans. En 1990, le Luxembourg était le plus gros pourvoyeur d’emplois pour les jeunes actifs transfrontaliers (43 % de travailleurs 15 à 29 ans); en 2013, cette part n’est plus que de 20 %, soit autant que la proportion des moins de 30 ans parmi les actifs résidant et travaillant en France.
Cette évolution s’est accompagnée d’une profonde recomposition des emplois. Alors que les ouvriers étaient majoritaires en 1990 (58 % des actifs), ils ne représentent plus que 30 % des effectifs en 2013. Dans le même temps, la part des professions intermédiaires a doublé (de 12 % à 24 %), et celle des cadres quintuplé (de 3 % à 15 %). Le profil des actifs allant travailler au Luxembourg est ainsi semblable à celui des actifs frontaliers restant travailler en France, notamment à Metz et Nancy. En parallèle, la part du secteur industriel a été divisée par deux en vingt ans (de 30 % à 15 % des actifs), soit un niveau désormais inférieur à celui de leurs homologues travaillant en France (16 %).