Le zonage en aires urbaines7 offre une grille de lecture complémentaire pour analyser les disparités spatiales. Il permet en effet d’approcher la relation entre le degré d’urbanisation et les inégalités de richesse. Des logiques propres sont observées pour chacune des catégories d’espaces qui composent le zonage en aires urbaines.
Ainsi, les très hauts revenus se concentrent principalement dans les grandes aires urbaines et, davantage encore, dans les grands pôles urbains (plus de 10 000 emplois). Ces derniers présentent toutefois de forts écarts entre riches et pauvres et sont parmi les plus inégalitaires du pays.
De manière générale, les pôles urbains, qu’il s’agisse des grands, des moyens (entre 5 000 et 10 000 emplois) ou des petits pôles (entre 1 500 et 5 000 emplois) accueillent des populations plus pauvres que leur couronne périurbaine, et où les revenus sont plus homogènes (moins de riches et moins de pauvres que dans les pôles). Ces pôles sont les espaces où se concentrent la pauvreté depuis maintenant plusieurs décennies.
Les couronnes des grands pôles urbains sont en revanche les espaces dans lesquels les populations disposent du revenu médian le plus élevé.
Enfin, les communes dites « isolées », c’est-à-dire les espaces en dehors de l’influence des pôles et hors de toute aire urbaine, sont un cas particulier. Dans ces territoires ruraux, le revenu médian est inférieur à celui de tous les autres types d’espaces. Les plus pauvres y disposent de revenus aussi bas que dans les pôles et les personnes les plus aisées y sont globalement moins riches qu’ailleurs. Ces espaces comptent parmi ceux où la pauvreté des populations est la plus marquée. Cette analyse doit cependant être pondérée par le fait que ces espaces sont peu peuplés. Les enjeux de résorption de la pauvreté y sont donc affirmés mais concernent moins de personnes que dans les espaces les plus urbains.
Ces différences entre espaces urbains et espaces ruraux sont également très perceptibles à travers l’analyse de la grille de densité8. Cette autre grille de lecture permet de disposer d’une vision complémentaire à celle du zonage en aires urbaines. Elle permet de surcroît de compléter l’analyse en se focalisant sur les disparités entre systèmes urbains régionaux.
La nature des systèmes urbains diffère d’une région à l’autre. Indépendamment des inégalités qui peuvent y être observées, certaines zones denses sont caractérisées par leur richesse ou leur pauvreté relative.
Dans les régions du Nord et de l’Est de la France (Hauts-de-France, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est et Ile-de-France), les revenus les plus faibles sont localisés dans les espaces denses, voire de densité intermédiaire, c’est-à-dire plutôt en milieu urbain. Dans trois de ces régions (Île-de-France, Hauts-de-France et Grand Est – soit les plus peuplées), cette pauvreté urbaine est encore plus forte dans les espaces les plus agglomérés.
À l’inverse, dans les régions de l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine) et en Auvergne Rhône-Alpes, ce sont les espaces les plus ruraux qui enregistrent le revenu médian le plus faible. Dans ces régions, les zones périurbaines sont en revanche celles qui accueillent les populations dont le revenu médian est le plus élevé. On retrouve ce même schéma au sein des régions du littoral méditerranéen (Occitanie, Paca, Corse), même si l’écart de revenu entre espaces denses et espaces très peu denses y est moins affirmé.
7. Définition et carte disponibles en annexes, p.21.
8. Définition et carte disponibles en annexes, p.21.