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La monoparentalité s’affirme en France comme en Europe, mais les schémas d’organisation familiale « classiques » demeurent prédominants

Territoire
Année de publication
2019
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En 2017, l’Union européenne (UE28) comptait près de 503,6 millions de personnes regroupées en 221,3 millions de ménages. La grande majorité de ces ménages n’accueille pas d’enfant (70 %). Les personnes vivant seules, qu’il s’agisse de jeunes adultes ou de personnes âgées, représentent un tiers des ménages européens (33,3 %) tandis que les couples sans enfant, soit parce qu’ils n’en ont pas ou parce que ces derniers ont quitté le domicile parental, en représentent plus du quart (28,4 %).

Ainsi, moins d’un tiers (30 %) des ménages européens sont constitués de familles avec enfant(s). Parmi ceux-ci, le modèle du couple avec un ou plusieurs enfants reste largement dominant (21,1 % de l’ensemble des ménages, soit 70 % des familles avec enfant(s)) et la monoparentalité, même si elle s’est affirmée comme un fait de société dans les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest, est encore très minoritaire (3,9 % des ménages européens en moyenne, soit 13 % des familles avec enfant(s)).

Ces chiffres donnent des points de repères à l’échelle de l’UE mais cachent en réalité des structures très différentes selon les pays, liées à l’influence des facteurs socio-culturels. Deux pays illustrent ces contrastes : le Danemark, où les familles monoparentales et les personnes vivant seules représentent plus de la moitié des ménages et la Pologne, où les familles dans leur acception la plus traditionnelle (deux adultes avec enfant(s)) et les grands ménages (multigénérationnels notamment) sont cette fois-ci quasi majoritaires.

Il existe donc des situations très contrastées au sein de l’UE, où l’on peut distinguer six groupes de pays en fonction de leur structure familiale :

 

  • des pays très proches du profil moyen européen, par exemple en Europe centrale (Autriche, Hongrie, Slovénie) ;
  • des pays où la monoparentalité est désormais une forme répandue de schéma familial. C’est le cas de certains pays d’Europe du Nord (Danemark, Suède, Lituanie) et dans une moindre mesure du Royaume-Uni. Les familles monoparentales y représentent généralement plus de 5 % des ménages1. Dans le même temps, la part des couples avec enfant(s), c’est-à-dire le modèle de parentalité le plus répondu, y est significativement inférieure à la moyenne européenne (moins de 20%);
  • des   pays   également   marqués   par   la surreprésentation de la monoparentalité mais qui  conservent  par  ailleurs  une  structure familiale  relativement  classique.  C’est  le  cas de la France ou encore de la Belgique. Malgré la  part  relativement  importante  des  familles monoparentales dans notre pays, celui-ci demeure composé  de  ménages  au  profil  relativement proche  de  la  moyenne  communautaire.  Les couples  avec  enfant(s)  constituent  toujours  la «norme » (22,8 % de l’ensemble des ménages soit 75 % des ménages avec enfant(s)) et les ménages multigénérationnels, hérités des schémas d’organisation anciens et encore très présents dans certains pays d’Europe du Sud ou de l’Est y ont quasiment disparu. L’Irlande fait également partie de ce groupe tout en ayant un profil atypique. Dans ce pays où la natalité est l’une des plus élevées d’Europe, la part des familles monoparentales (6,7 % des ménages) tout comme la part des couples avec enfant(s) (30,5 % des ménages) est la plus élevée de l’Union européenne. L’Irlande est donc dans une situation intermédiaire, entre les pays marqués par une forte monoparentalité et ceux caractérisés par la prégnance d’un modèle plus traditionnel ;
  • des pays où le modèle familial « classique » (deux adultes avec enfant(s)) demeure très majoritaire. C’est particulièrement le cas de certains pays d’Europe centrale et du Sud (République Tchèque, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Grèce, Portugal, Espagne, Malte). La part des couples avec enfant(s) y est largement surreprésentée (souvent plus de 25 % de l’ensemble des ménages) et la part des familles monoparentales y est presque partout inférieure à la moyenne communautaire. Dans certains de ces pays, en particulier ceux du bassin méditerranéen, ce modèle familial « classique » est complété par la présence importante de familles multigénérationnelles ;
  • des pays ou les schémas de cohabitation familiale les plus anciens sont encore très présents (famille « classique » – ménages multigénérationnels). Ce groupe rassemble quasi exclusivement des pays du bassin méditerranéen (pays précédemment cités et plus encore l’Italie ou la Croatie) et des pays d’Europe de l’Est (Pologne, Roumanie, Bulgarie) ;
  • enfin, un dernier groupe constitué de l’Allemagne, de la Finlande et, dans une moindre mesure, des Pays-Bas, où les ménages sans enfant sont surreprésentés (personnes seules ou couples sans enfant). Ces situations sont pour partie liées à la faible natalité qui caractérise ces pays.

Davantage de familles nombreuses en France que dans la majorité des pays européens

Malgré son profil relativement proche de la structure familiale européenne, la France se distingue par sa natalité2 et la présence de familles plus grandes que chez nos voisins.

Elle se classe ainsi au sixième rang des pays de l’UE comptabilisant la plus forte proportion de familles nombreuses (3 enfants et plus). 15,2 % des familles avec des enfants en France en ont au moins trois (contre 12,1 % en moyenne à l’échelle de l’Union européenne). La France est malgré tout assez éloignée de l’Irlande, où les familles nombreuses représentent un cinquième des ménages avec enfant(s).

Notre pays se distingue également des pays d’Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal, Malte), des pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) et de certains pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, République Tchèque) où les enfants uniques sont largement majoritaires.

1. Selon les concepts de l’enquête EU-Silc.
2. La France a l’un des plus forts indices de fécondité (nombre de naissances par femme) d’Europe avec 1,9 naissance par femme en 2016 contre 1,6 en moyenne à l’échelle de l’UE28. Pour plus de détails, se reporter aux fiches d’analyse de l’Observatoire des territoires sur « Les dynamiques de population » et « Le vieillissement de la population et ses enjeux ».

 

Bertrand J.-R., Christians C., Approches d’une géographie des ménages et des familles. Les familles nombreuses dans les Pays de la Loire, Espace, populations, sociétés, 1988-1

Buisson G., Lapinte A., « Le couple dans tous ses états : non-cohabitation, conjoints de même sexe, Pacs », Insee Première (n°1435), 2013

Canonéro B., Gayraud P., « Entre 2010 et 2030, 21 200 logements seraient à construire en moyenne par an », Insee Analyses Languedoc-Roussillon (n°8), 2015

Chardon O., Daguet F., Vivas E., « Les familles monoparentales : des difficultés à travailler et à se loger », Insee Première (n°1195), 2008

Davie E., « Un premier enfant à 28 ans », Insee Première (n°1419), 2012

Daguet F., « Des ménages toujours plus nombreux, toujours plus petits», Insee Première (n°1663), 2017

Desplanques G., « Les disparités géographiques de fécondité en France », Espace populations sociétés, 2011/3, pp 459-473, 2011

Eurostat, « People in the EU : who are we and how do we live ? », 2015 Eurostat, « Household structure in the EU », 2010

Insee, « Couples et Familles », Insee Référence, édition 2015

Jacquot A., « Vieillissement de la population et demande de logements », L’observateur de l’immobilier (n°56-57), 2003

Jacquot A., « La demande potentielle de logements à l’horizon 2030 : une estimation par la croissance attendue du nombre des ménages », Le point sur (n°135), août 2012

Kelhetter D., Rivière S., « Des couples sans enfant devenus plus nombreux et moins urbains en Alsace», Insee Analyses, 2015

Kubrak C., « Concentration et spécialisation des activités économiques : des outils pour analyser les tissus productifs locaux », 2013

Marie C.V., Breton D., « Faire famille » dans les Dom. Ce que nous dit l’enquête Migrations, Famille et Vieillissement, Informations sociales 2014/6 (n° 186), pages 16 à 26

Volant S., « Un premier enfant à 28,5 ans en 2015 : 4,5 ans plus tard qu’en 1974 », Insee Première (n°1642), 2017

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